Hausses du prix des aliments, des logements, de l’essence, de tout. L’augmentation du coût de la vie touche tout le monde. Pour faire face à la crise : quelques revendications du Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Les groupes communautaires s’organisent partout au Québec pour faire face à la hausse du coût de la vie et répondre aux besoins des plus démunis. Le Collectif pour un Québec sans pauvreté, avec ses milliers de membres à travers le Québec est aux premières loges depuis longtemps. Les effets de la hausse du coût de la vie sur les plus pauvres? On abandonne l’achat d’un nouveau jean, on coupe dans les restos, on annule un voyage? Non: les plus pauvres ne trouvent plus à se loger. Ils ont recours aux banques alimentaires.
Pour faire face à cette crise inédite, le Premier ministre du Québec a confirmé, après avoir été réélu, que sa priorité à court terme est d’aider « les gens qui souffrent actuellement des taux d’inflation qui sont très élevés ». Le Collectif salue les intentions du gouvernement Legault, mais reste critique face aux limites des propositions gouvernementales.
« Il est important d’aider les gens rapidement, souligne Serge Petitclerc. À court terme, le Collectif invite le gouvernement à viser, au minimum, l’augmentation des revenus pour permettre à tout le monde de couvrir ses besoins de base (…). Et c’est le premier pas vers la réalisation pleine et entière des droits de la personne, qui incluent notamment le droit à un niveau de vie décent. »
Difficile d’être contre cette aide annoncée à court terme. Mais il faut plus que ça, selon Serge Petitclerc : « Il est évident pour le Collectif que cette aide de 600$ sera nettement insuffisante pour les personnes en situation de pauvreté. Des centaines de milliers d’entre elles n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base au Québec. Avec la flambée des prix des derniers mois, elles sont obligées de couper un peu plus…»
La principale annonce faite par la Coalition Avenir Québec en campagne électorale pour faire face à la hausse du coût de la vie concerne le versement d’une aide ponctuelle – avant Noël – de 600$ pour les personnes avec des revenus de moins de 50000$, et de 400$ pour celles avec des revenus entre 50000$ et 100000$. D’après la CAQ, cet engagement de 3,5 milliards$ profitera à 6,4 millions de personnes.
Le Collectif déplore le caractère inéquitable de cette mesure. Tout le monde sait que l’impact de l’inflation est beaucoup moindre pour les personnes qui gagnent 100000$. Quel besoin essentiel pourront-elles enfin satisfaire avec un chèque de 400$? «Le Collectif considère qu’il serait plus juste et responsable d’envoyer ce montant supplémentaire aux personnes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et s’en trouvent souvent contraintes d’hypothéquer leur santé physique et mentale. De cette façon, le gouvernement contribuerait à réduire un peu les inégalités au lieu de les creuser davantage. »
Quel effet aura ce cadeau pour les personnes les plus modestes? Selon le Collectif: «Quand on manque de tout à l’année, un chèque de 600 $ est bien vite dépensé. Et que se passera-t-il après? Comme il s’agit d’une aide ponctuelle, elle ne fera rien de plus que freiner momentanément l’appauvrissement des gens. »
Les personnes assistées sociales dont le revenu annuel est d’environ 10500$, peuvent à peine couvrir la moitié des besoins reconnus par la Mesure du panier de consommation (21500$ en 2021). Pour le collectif: «Ce n’est pas pour rien que les banques alimentaires n’arrivent plus à répondre à une demande sans cesse grandissante. Pour toutes ces personnes, c’est certain qu’une aide de 600$ peut représenter un bon coup de pouce, mais un coup de pouce qui va dans la plupart des cas être consacré aux factures impayées, à l’épicerie, à l’achat de vêtements pour l’hiver qui approche». Le montant attribué à l’aide sociale devrait donc se rapprocher le plus possible de ce minimum vital de 21 500$ par année.
Autre suggestion du Collectif: augmenter le crédit d’impôt pour solidarité. Le doubler même: «Pour agir rapidement, précise Serge Petitclerc, ce serait super d’augmenter le crédit d’impôt pour solidarité, vu que le mécanisme est déjà en place. » Cela permettrait d’aider quelque 3,3 millions de personnes à faible et moyen revenu qui y ont droit. Cette augmentation pourrait aider beaucoup de monde. «Pourquoi ne pas en faire une mesure permanente? Et cette mesure prise isolément ne permettrait pas à tout le monde d’arriver à couvrir le minimum des minimums. Pour les plus pauvres, il en faudrait beaucoup plus pour arriver à joindre les deux bouts.»
Le collectif salue l’aide annoncée aux personnes âgées : «Notons que l’augmentation du crédit d’impôt pour soutien aux aînés, qui a été annoncée en campagne électorale, est une mesure intéressante parce qu’elle sera récurrente, mais elle a malheureusement le défaut de ne cibler que les personnes à faible et moyen revenu de 70 ans et plus. »
La Coalition avenir Québec a aussi annoncé des baisses d’impôts à venir rapidement. Le Collectif est plus critique de cette dernière mesure: «Ces baisses d’impôt ne profiteront pas aux personnes les plus pauvres vu qu’elles n’en paient tout simplement pas. Ensuite, elles priveront le gouvernement de revenus qui auraient justement pu servir à les soutenir financièrement ou à financer les programmes sociaux et les services publics.