Une diminution de l’accès aux services du Tribunal administratif du logement (TAL, ancienne Régie du logement) a été observée dans plusieurs villes du Québec depuis 2020. Le Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCALQ) en fait état dans un rapport publié en décembre dernier : « Alors que la majorité des services publics sont de retour à la normale suite à la pandémie, le TAL ne suit pas cette voie. En plus d’accuser cette année un retard de près de 70% dans le nombre d’entrevues et visites à l’accueil comparativement à l’année précédant la pandémie, la prise de rendez-vous pour l’ouverture d’un dossier ou pour poser des questions à un préposé est toujours obligatoire. »
Le modèle de la pandémie qui imposait la distance physique entre les personnes et le moins de contact possible a donc été conservé au TAL. Et cela vaut autant pour tout le monde : propriétaires ou locataires.
Un locataire qui s’est présenté au bureau du TAL de Québec en a fait l’expérience et nous a confié qu’avant la pandémie, les gens pouvaient se présenter à l’improviste au bureau et attendre dans une salle jusqu’à ce qu’un préposé se libère. Dorénavant, c’est un agent de sécurité qui accueille les citoyens et les citoyennes et c’est lui qui va chercher un préposé qui fixe ensuite un rendez-vous.
L’accueil varie selon l’agent de sécurité. Un autre locataire s’est présenté au même bureau de Québec il y a quelques semaines. L’agent de sécurité lui a répondu de prendre rendez-vous par téléphone ou par Internet.
Comme le souligne Cédric Dussault, le porte-parole du RCLALQ : « Les comités logements nous rapportent qu’il est difficile pour les locataires d’obtenir un rendez-vous rapidement. » Le TAL invite les citoyens à les contacter par téléphone ou à consulter son site internet. Mais, tout le monde n’a pas accès à Internet et cela en prive les personnes les plus démunies. N’est-ce pas là un autre exemple de la diminution d’accès à l’œuvre dans les services gouvernementaux? Selon Frédérik Carrier, animateur en alphabétisation, avoir les services par téléphone, c’est le minimum. L’idéal est de pouvoir parler ou rencontrer quelqu’un pour ceux et celles qui ne sont pas capables de prendre leurs rendez-vous en ligne.
La Régie du logement n’a pas seulement changé de nom. Elle a aussi changé de philosophie. Le TAL envoie de plus en plus des locataires s’informer auprès des comités logements et des associations de leur quartier. C’est ce qu’observent les associations de locataires à travers le Québec : « Depuis plusieurs années, le RCLALQ et ses membres constatent une hausse de plus en plus importante de locataires qui n’arrivent pas à obtenir des services du TAL et qui doivent se tourner vers les comités logements. Pourtant, notre mission n’est pas d’être le cheap labor de l’État », souligne Cédric Dussault du RCLAL.