Nous n’avons pas eu le temps de nous réjouir de l’abandon du projet autoroutier de troisième lien que déjà les élucubrations les plus ineptes refaisaient surface, dont la plus récente annoncée par le premier ministre lui-même à la fin de la session parlementaire: le projet de troisième lien sera révisé aux cinq ans. Cette lutte ne sera donc pas terminée de sitôt…
D’ici-là, ne faut-il pas réaffirmer notre attachement au traversier, le premier lien? comme le rappelait Marc Boutin dans un texte paru en 2016 dans nos pages. C’est le premier lien, le plus ancien, désormais centenaire. Le plus poétique, panoramique. Il offre une vue imprenable sur Québec, Lévis, le fleuve, l’île. Souvent les touristes et les Québécois le prennent juste pour le plaisir.
La traverse Québec-Lévis existe depuis 1818. Le premier navire était, le Lauzon, un bateau à vapeur. Comme le rappelait le journal Le Soleil, désormais : Chaque année, les navires jumeaux NM Lomer-Gouin et le NM Alphonse-Desjardins effectuent près de 24 000 traversées, transportant plus de 1,5 million de passagers et près de 300 000 véhicules. Ce traversier qui relie le centre-ville de Québec avec celui de Lévis est devenu essentiel pour les piétons, les cyclistes et les automobilistes.
C’est un service indispensable. Il faut le défendre, en revendiquer un plus grand accès, voire la gratuité. Tout le contraire de ce que Sam Hamad, ex-député libéral de Portneuf, a sorti de son chapeau ce printemps en proposant la privatisation du traversier Québec-Lévis. Imaginons les coûts de passages exploser dans un tel contexte…
Cette élucubration est aussi absurde que celle de la CAQ pendant la campagne électorale de l’automne 2022 qui proposait de le réserver uniquement aux piétons et aux cyclistes! Fort probablement dans la perspective de rediriger les voitures vers un tunnel fictif et improbable, pour le moment, fort heureusement abandonné. François Legault imaginait même y construire sur place un marché public, ce marché du Vieux-Port fermé et déménagé par Labeaume, il y a quelques années.
Les politiciens pensent-ils continuer ainsi à faire et défaire la ville au gré de leurs humeurs, sans considération pour l’histoire et la vie quotidienne des gens?