Le Tremplin d’actualisation de poésie (TAP) présente, chaque deuxième vendredi du mois à la Maison de la littérature, les Vendredis de poésie – des soirées où on accueille des poètes invités, auxquels se joignent des poètes qui prennent, par la suite, la parole à la scène libre. Droit de parole publie à chaque numéro un poème lu lors de la dernière de ces soirées.
Encore une fois tu célèbres la caresse pour amadouer le silence, le rendre moins sombre, le désarmer. Caresse, car tu crois en l’offrande des mains, printemps sur la peau, brise bleue, quelque chose comme une odeur de ciel douillet qui se lève, et le sol à vol d’oiseau, si fragile que tu voudrais le couvrir de forêts. Et tes doigts se moulent à la communauté des arbres, tel le poète tu écris, toi aussi tu écris arbre, arbre pour l’arbre, feuillu ou conifère qu’importe, tu ne crains pas les aiguilles. Avec les ans, tu as appris à te fabriquer une écorce, même mince, même trouée, et tu sens qu’elle te protégera, tu peux maintenant prendre le risque de la tendresse.
N. B. Les mots en italiques sont empruntés au poème « Arbres » de Paul-Marie Lapointe, dans Le réel absolu.
Poème tiré du recueil Exercices de joie (Éditions du Noroît, 2022