Pour une ville plus verte, juste et conviviale

Par Les Ami.es des Jardins du Corps de Garde
Publié le 30 septembre 2024
Une pancarte est accrochée à la grille. C’est la première fois que des usagers revendiquent Les Jardins du Corps-de-Garde comme commun. Photo: courtoisie

Pendant près de 70 ans, une friche a occupé un terrain de 3 000 mètres carrés situé entre l’avenue Sainte-Geneviève, la rue Saint-Louis, la petite rue du Corps-de-Garde, et les fortifications du XVIIe siècle dans le Vieux-Québec.

La friche abritait une flore luxuriante comprenant des lilas, des ormes d’Amérique, des érables, des féviers d’Amérique, des cerisiers de Virginie, des tilleuls, entre autres.

Ateliers de Co-Création

Les 11 et 25 septembre 2018, la Ville de Québec a organisé des ateliers de co-création avec les résidents du quartier pour décider ensemble de l’avenir de la friche. Après une visite du site avec des fonctionnaires de la Ville et de Parcs Canada, les citoyens ont exprimé leur désir de préserver la flore existante et de transformer le site en un îlot de verdure dense.

De manière générale, l’idée était d’avoir un endroit non pas pour les touristes, mais pour les résident.es du quartier si souvent oublié.es dans la planification urbaine du Vieux-Québec. On souhaitait un lieu de tranquillité où l’on pourrait observer les oiseaux, un lieu de rencontre, un potager collectif qui renforcerait le tissu social, où la nature serait prédominante. Or, le 3 juin 2020, une grande quantité d’arbres a été abattue sans préavis. La communauté a été choquée par le bruit des tronçonneuses, considérant cette action comme une trahison.

À nous les Jardins

Après la coupe d’arbres, on demanda à consulter les plans officiels retenus par la Ville. On constata qu’ils ne correspondaient nullement aux décisions prises collectivement lors des ateliers de co-création : ils présentaient un parc dénué d’arbres, aseptisé, minéralisé et presque entièrement gazonné. Ce projet allait à l’encontre des considérations environnementales et sociales, créant une réaction forte parmi les citoyens.

Les actions se sont multipliées sous le nom des « Ami. es des Jardins du Corps-de-Garde ». Le 12 juin 2020, une manifestation festive a été organisée, suivie le 14 juin par une lettre d’opinion signée par de nombreux citoyens et organismes de protection de l’environnement, adressée aux autorités locales et nationales. Cette lettre dénonçait la coupe d’arbres et le projet de la Ville. Suite à nos requêtes acharnées, les fonctionnaires nous ont transmis, le 7 juillet 2020, une évaluation des arbres ainsi que l’inventaire écologique du site. Les documents montrant que de nombreux arbres étaient en bonne santé et qu’il était recommandé de les conserver, ont été remis avec des sections caviardées, renforçant le sentiment d’arbitraire des décisions de la Ville.

Pourquoi couper les arbres apparemment en bonne santé ?

Une pancarte « Vive les Communs » est accrochée à la grille. C’est la première fois que des usagers revendiquent Les Jardins du Corps-de-Garde comme commun. Cette notion permet de proposer une alternative à la propriété d’État et à la propriété privée afin d’instaurer, d’imaginer et d’organiser un projet collectif ou chacun a sa voix. Pour attirer l’attention sur la valeur de la friche et supplier la Ville d’éviter la destruction de cette oasis de verdure sous-estimée, les usagers ont installé des tables à pique-nique, organisé des activités de nettoyage, planté des arbustes fruitiers, créé une œuvre de land art, et mis en place des affiches et des barricades pour préserver la végétation restante.

La Ville n’a pas su nous écouter

Malgré les protestations et sans souci de préservation, un abattage complet a été effectué sous haute surveillance policière en novembre 2020. Jusqu’à l’automne 2023, le projet a été suspendu, permettant à la nature de reprendre ses droits. En octobre 2023, la végétation a de nouveau été rasée sans souci de préservation.

Un Futur à repenser

Au printemps 2024, la friche transformée en chantier pour effectuer des travaux sur les fortifications offre une opportunité de réévaluer son aménagement. Il est crucial de mobiliser la communauté pour concevoir des jardins qui répondent aux besoins écologiques et sociaux. La Ville de Québec doit adopter une politique d’aménagement cohérente qui favorise le partage, la justice sociale et environnementale, la solidarité et le respect du vivant.

Avons-nous encore à justifier le fait qu’une forêt urbaine soit un trésor qui contribue à amortir les aspects des changements climatiques, atténuer l’impact des pluies abondantes, qu’elle soit un lieu accueillant qui améliore la qualité de vie, renforce la santé publique, aide à tisser des liens sociaux, augmente l’indice de canopée, contre les îlots de chaleur, procure de l’ombre, aide à réduire l’impact des pluies abondantes, la pollution sonore, de l’air, de l’eau et du sol, qu’elle enrichit la biodiversité…la vie ?

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