Les artistes David B. Ricard et David N. Bernatchez sont tous deux cinéastes. Ils partagent un même atelier sur la Côte d’Abraham, là où se trouvait dans les années 1980, les locaux d’Obscure, un organisme artistique qui a pavé la voie aux arts multidisciplinaires et expérimentaux à Québec. Le binôme a initié et organise, depuis près d’un an maintenant, au centre-ville, des soirées mensuelles consacrées au cinéma.
À la Librairie Saint-Jean-Baptiste, on a pu assister aux rencontres Dada DOC, durant lesquelles des artistes de Québec viennent présenter leur démarche documentaire. En mode discussions, ces rencontres soutenues par SpiraFilm stimulent le petit milieu du cinéma documentaire à Québec, agissant à la fois comme un pôle d’émulation et de convivialité. On a notamment reçu Geneviève Chartrand, Romy Boutin-Saint-Pierre, Fellippe Martin, Claudia Kedney-Bolduc et Marjorie Champagne. Le 4 septembre dernier, Olivier Higgins et Mélanie Carrier de Mö Films y étaient invités. Les activités se poursuivent tous les premiers mercredis du mois.
Plus encore, le duo de David est à la source des cinéconcerts présentés au 729 Côte d’Abraham depuis janvier. Reprenant des classiques ou dénichant des perles nationales, ils n’hésitent pas à les détourner afin d’insérer des sous-titres, écourter le déroulement (La fin d’un mythe, Bill Masson, 1971) ou mixer les diverses versions (Norferatu, F. W. Murnau, 1922). Ceci, pour le bonheur d’un public de plus en plus dense au fur et à mesure des propositions. Quant à la trame sonore performée en direct, elle est le fruit de musiciens invités et renouvelés à chaque occasion. Le duo du 30 mai, composé de Marie-Loup Cottinet et Rémy Bélanger de Beauport (Le sport et les hommes, Hubert Acquin, 1959) était suivi par deux groupes de Montréal, Chabanel et Pas de signal, de passage le 27 juin.
La toute première mouture des ciné-concerts s’est fait en présence d’un artiste sénégalais Mar Ndiaye, venu jouer sur une grande œuvre du répertoire de son pays (Xala, de Sembène Ousmane, 1975). Les David, étant aussi tantôt musiciens, tantôt bruiteurs ou orateurs, accompagnent leurs invités à l’occasion. Ces ciné-concerts offrent des perspectives insolites et captivantes sur les œuvres. Ils offrent des performances inouïes, toujours originales et truculentes.
Ainsi, le passage du chœur Taverna Di Diu, venu bramer des chants polyphoniques corses sur Le septième sceau,d’Ingmar Bergman (1957), nous a fait vivre une expérience sans précédent, nous laissant bouche bée, suspendus entre la haute voltige et les profondeurs de l’art. Les ciné-concerts du Hub sont des opportunités de confluences et d’inventions. En déménageant dans leur atelier commun sur la Côte d’Abraham, David B. Ricard et David N. Bernatchez ne pensaient pas que leur collaboration allait croître de la sorte. Motivés par le succès des soirées qu’ils organisent, tonifiés par le travail d’équipe et assiégés par de nouvelles idées, ils songent à fonder un organisme culturel afin de consolider et perpétuer leurs initiatives et permettre le développement de leurs projets. Succès aux deux David, succès à DADA.