Projet à l’îlot Dorchester: et si on retirait le stationnement?

Par Anthony Cadoret
Publié le 14 novembre 2024
L’îlot Dorchester. Photo: R. Martel

Alors qu’on vit bien sans voiture dans Saint-Roch, l’entreprise Trudel prévoit 550 stationnements souterrains dans son projet à l’îlot Dorchester. Ce choix aurait certainement un impact à la hausse sur le prix des logements construits et sur la qualité de vie dans le secteur. Saint-Roch, comme une grande partie du centre-ville de Québec, est plus que bien desservi par le transport en commun. Grâce aux services de proximité, la voiture privée n’est pas nécessaire pour une grande partie des gens qui y vivent. Il est évident que des logements sans stationnement y seraient comblés sans problème.

Devant une demande de changements au zonage déposée par l’entreprise Trudel, la Ville de Québec a une opportunité de demander des améliorations au projet et elle pourrait y négocier le retrait du stationnement.

Moins de stationnements, des logements moins chers

Une des priorités de la Ville est de construire une grande quantité de logements rapidement. La Ville veut augmenter l’offre de logements et par conséquent baisser les prix, ou du moins freiner la hausse. Cette approche a un obstacle majeur : le logement de luxe. Le stationnement au centre-ville, c’est du luxe. Selon plusieurs études, chaque case de stationnement souterrain tel que proposé dans le projet peut coûter jusqu’à 50 000 $ et augmenter significativement le prix des logements.

Le 23 octobre, le promoteur a reconnu que les stationnements, « ça coûte cher ». Il a même présenté un scénario de projet (qui n’a pas été retenu) visant à limiter les coûts de son projet dans lequel le stationnement souterrain était retiré. Ainsi, le promoteur reconnaît que le stationnement souterrain n’est pas essentiel et qu’il augmente le prix du projet, donc, des logements.

Chaque nouvelle voiture est une voiture de trop

C’est connu, les voitures amènent de la pollution, du bruit, des dangers pour les piétons et les cyclistes et de la congestion. Dans le cas de l’îlot Dorchester, ces nuisances s’ajouteraient à un secteur ayant déjà une forte présence automobile où il y a plusieurs aménagements dangereux, surtout sur Dorchester devant l’escalier du Faubourg et la côte d’Abraham au coin de la Côte Sainte-Geneviève. Quiconque passant par là régulièrement y a été témoin d’accidents ou de quasi accidents, il y en aurait plus si on augmentait le nombre de voitures dans le secteur.

Lors de la séance d’information du 23 octobre 2024, le promoteur s’est vanté d’avoir un ratio moins grand de stationnements par logement qu’ailleurs. Or, cet argument est bidon, car les impacts de la voiture ne sont pas proportionnels, ils sont cumulatifs et se comptent en nombre de voitures, pas en ratio par logement.

Grâce à une densité urbaine forte et une accessibilité à divers modes de transport alternatifs, Saint-Roch est un des meilleurs endroits au Québec pour vivre sans voiture. Il n’y a aucune raison d’augmenter les nuisances causées par les voitures. Aucune. De plus, il est important de souligner qu’il existe déjà de nombreux stationnements dans ce secteur. Il y en a même sur la rue Dorchester à quelques pas de l’îlot du même nom. Certains se démarquent par leur inutilisation. L’ajout de nouveaux stationnements dans ce contexte est donc injustifiable.

Le maire a récemment signé la préface d’un livre intitulé Des quartiers sans voitures. C’est le moment de mettre en pratique cette idée, car le maire n’aura peut-être jamais de meilleure opportunité pour transformer cette idée en action que celle offerte par le projet à l’Îlot Dorchester.

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