Ilot Irving 2012: Victoire à l’arrachée

Publié le 11 décembre 2024

Que raconte mon dessin ? J’explique.

Quand elle fait face aux problèmes de la forme et l’évolution d’une ville, la lutte populaire peut rencontrer des dilemmes.

Il fut une époque, vers 1980, où je prenais mon café du matin au restaurant Bernier, près de la grande caserne de pompiers sur la rue Saint-Jean. Par la fenêtre, je regardais ce qu’on appelait « l’îlot Irving », parce qu’une station d’essence Irving y avait existé auparavant.

C’était devenu un stationnement terne.

Des promoteurs immobiliers avaient l’œil sur le terrain. Vers 2012, un promoteur avait acheté le terrain et annoncé un gros building qu’il voulait construire.

Mon ami l’organisateur communautaire Marc Boutin a été approché par un groupe de résidants des maisons sur Saint-Jean en face du terrain. Ils voulaient mener une lutte contre le projet. « Cet édifice va cacher la belle vue qu’on a des Laurentides », disaient-ils. Marc était gagné. Le promoteur projetait un édifice plus haut que ce que le zonage municipal permettait. Il y aurait un référendum là-dessus. Marc s’est lancé pour le non.

Le comité populaire Saint-Jean-Baptiste, lui aussi, avait regardé le problème. « Le promoteur veut un édifice plus haut que le zonage permet. Nous, on avait un projet de coopérative d’habitation qui se formait et qui pouvait être logé dans cet édifice, alors nous avons négocié. Le promoteur n’allait pas abandonner son projet, mais, il était prêt à accommoder une coop dans une partie de la structure. Si on l’aidait dans le référendum. On trouvait que c’était le meilleur parti qu’on pouvait tirer de la situation. »

Deux façons de défendre la population faisaient face. Deux journaux de la cause citoyenne ont été amené dans le débat. L’Infobourg était l’organe du comité populaire, Droit de parole était le journal où Marc Boutin écrivait et militait. Côté ComPop et Infobourg, Nicolas Lefebvre-Legault était la voix forte. Les deux hommes se connaissaient bien ! Ils avaient souvent travaillé ensemble.

« Faut respecter le zonage » disait Marc. « Faut promouvoir les coopératives » disait Nicolas.

Mon article plaidait contre cette querelle, et je l’ai envoyé aux deux journaux. L’infoboug l’a accepté le jour ou je l’ai envoyé. D de P ne voyait rien de bon dans le compromis négocié par le Compop avec le promoteur.

Quand je jasais avec Marc, il me semblait un peu enivré par l’espoir de gagner un référendum municipal (Ceux qui ont connu Marc…Ils savent combien il était un passionné !)

Le soir du référendum, je m’en souviens avec grande clarté.

Moi, je plaidais pour l’unité du mouvement.

Je vois Marc marcher vers ses partisans. « C’est gagné ! disait-il. Par quelques votes seulement. »

Le promoteur n’aurait pas son changement de zonage. Le projet de coop d’habitation tomberait à l’eau.

Depuis, je contemple le grand bloc qui a tété construite sur l’Ilot Irving. Je pense à mon très grand ami Marc Boutin. Je suis pensif. J’ai du mal à penser que la vue sur les Laurentides soit bien préservée. Et les promoteurs continuent de transformer notre quartier. Et les mouvements résistent comme ils peuvent

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